« Au réveil il était midi » de Claude Ecken

aureveililetaitmidi_claudeeckenClaude Ecken est un auteur rare, à la plume ciselée et à l’humour subtil. Mais l’humour est bien peu présent dans son dernier opus. Au réveil il était midi est en effet un recueil très particulier, aux frontières de l’anticipation, plutôt une dénonciation des dérives de la société française actuelle.

Chacun des récits essaie d’aborder un thème différent : l’immigration, les affres de l’administration, les dérives policières, les travers du système éducatif… le plus souvent en suivant les pas d’individus aux prises avec le système. Certains des textes sont de franches réussites, comme ces jeunes qui essaient de répéter dans une cave et se heurtent aux préjugés, ou cette jeune femme sans domicile qui passe d’un organisme à l’autre pour tenter de sortir de sa situation. Dans ces textes, l’identification aux personnages, marche très bien, et les récits sont teintés d’un optimisme qui aide à faire passer des récits qui sinon seraient très noirs.

L’exercice de dénoncer les dangers et travers d’une société est difficile et rempli de chausse-trappes. Si Claude Ecken parvient à en éviter la plupart, malheureusement le recueil peine à tenir la longueur. Les récits sont truffés de réflexions, d’argumentaires, d’explications des dérives du système en place, intéressantes même si partisanes. Grâce à la plume de l’auteur, le texte reste très lisible dans la plupart des récits, mais certains textes sont moins « mis en scène » que d’autres, et dans ceux-ci cette partie explicative devient très lourde à digérer. On a parfois l’impression de lire davantage un essai, un réquisitoire, qu’une nouvelle.

Autre effet pervers, le manichéisme des situations finit par donner un effet de lassitude. L’État, la société est l’ennemi des petites gens ; les flics sont pourris pour la plupart ; personne n’abuse des subventions ou des aides ; les dirigeants sont tous des salauds et les jeunes ne font rien de mal tant qu’on leur fout la paix… à la lecture de Au réveil il était midi, tout le monde est innocent et le coupable, c’est le système ! Cette vision unilatérale fait qu’au bout de quelques nouvelles, le message perd de sa force.

Il n’empêche qu’au final, même si son rattachement au genre anticipation est discutable – la société décrite est très proche de la nôtre, juste un peu plus policière et liberticide – l’impression laissée par le recueil est globalement positive. Au réveil il était midi est une mine de pistes de réflexion, parfois trop démonstratif mais intéressant à lire, et rudement bien écrit.

 

 

Éditeur L’Atalante
Auteur Claude Ecken
Pages  314
Prix 14,50€

A propos de Olive

Pilier du Club, Olivier fait partie des anciens et continue à faire vivre AOC, le recueil de nouvelles trimestriel, dont il est le maquettiste et rédacteur en chef. A l'occasion, Olivier publie aussi des nouvelles, participe aux salons, à d'autres revues, rédige des articles dans PdE, gère le site Internet, etc. Dans le milieu, on le surnomme le Shiva de l'imaginaire !

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