« Sans Âme » de Gail Carriger

Sans ame de Gail CarrigerMademoiselle Alexia Tarabotti est une jeune fille bien sous tout rapport, à une exception près : elle n’a pas d’âme ! Rien de bien extraordinaire, si ce n’est que dans cette société victorienne alternative où les humains côtoient sans souci les êtres surnaturels (vampire, loups-garous et autres fantômes), cette particularité somme toute assez rare permet à la jeune femme d’annuler leurs pouvoirs, les faisant redevenir de simples mortels.

Alors, lorsqu’un vampire, contre toute bienséance, tente de lui mordre la jugulaire, et qu’elle finit par tuer son agresseur, Miss Tarabotti comprend très vite que quelque chose ne tourne pas rond.
Ce petit résumé du tout début du premier roman de Gail Carriger me semble assez complet, à part peut-être une toute dernière précision : en effet, Mademoiselle Tarabotti est une vieille fille… de 26 ans ! Et ce détail, pour insignifiant qu’il puisse paraître à notre époque, est primordial dans cette société victorienne décrite par l’auteure américaine, société qu’elle a calquée sur celle que les Anglais ont réellement connue durant la dernière moitié du 19e siècle. Car si les apparences (physiques, vestimentaires, etc.) sont importantes, les bonnes mœurs et les relations sociales sont aussi primordiales. Être bien né est de règle, tandis qu’avoir de l’argent permet d’acquérir un rang dans cette société où chacun se doit d’être rigoriste.
La pauvre Alicia tente de s’en sortir, et ce n’est pas facile pour elle. En effet, même si elle parvient tant bien que mal à cacher son état de paranaturelle (c’est ainsi que l’on nomme les individus sans âme qui parviennent à contrer les pouvoirs des surnaturels), elle ne peut cacher son état d’enfant de divorcée, et de fille d’un Italien de surcroît ! Seuls les membres de sa famille (la mère d’Alicia ayant fait un beau deuxième mariage, et ayant eu deux filles qui sont des pimbêches finies) ne voient rien, car pour eux, Alicia n’est qu’une charge qu’il faut caser à tout prix.
Cependant, Alicia est loin d’être une victime. Elle est très intelligente (ça aussi, elle doit le cacher), s’intéresse à des choses qui ne sont pas compatibles avec sa condition de femme (comme, par exemple, la science ou bien encore le sexe), et même si elle demeure assez frivole, sa curiosité et son goût pour l’aventure la mènent dans des situations parfois impossibles.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce premier livre de Gail Carriger qui, sous ses dehors de roman de bit-lit mâtiné de steampunk, cache une réflexion beaucoup plus profonde qu’il pourrait laisser croire de prime abord. En plus, on rit beaucoup en lisant les péripéties de Miss Tarabotti. Oh certes, c’est souvent sous cape, mais ça fait du bien quand même.
J’aurais juste un léger bémol à émettre : même si l’ensemble demeure assez bien écrit, permettant une lecture fort agréable, le style pêche parfois par des tournures de phrases un peu alambiquées que la traduction (pourtant assurée par un écrivain reconnu de la profession, Sylvie Denis) ne parvient pas à récupérer. On rappellera juste qu’il s’agit là d’un premier roman, et qu’on attend déjà la suite avec une certaine impatience.

 

Chronique de Antoine ‘1589’ Chalet

Éditeur Orbit
Auteur Gail Carriger
Pages  326
Prix 16,50€

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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