« Zalim » de Carina Rozenfeld

Spécialiste de la littérature pour adolescents dans les domaines de l’imaginaire, Carina Rozenfeld entame ici une saga de fantasy sur le thème de la possession. On a déjà trouvé ce thème dans le premier roman de la série « Le Royaume rêvé » d’Adrien Thomas, mais ici la tonalité est beaucoup plus sombre. Pas d’autre moyen apparemment pour se libérer de Zalim, cet esprit des ténèbres qui se nourrit de massacres que… de mourir. Et pas d’autre moyen de le garder inerte que de se droguer presque à mort. Ceci dit, nous n’en sommes qu’au premier tome et vu la force d’âme de la personne possédée, force d’âme qui éblouit Zalim lui-même, il est à parier qu’elle lui donnera du fil à retordre.

Ceci dit, le roman présente les qualités et les défauts de cette catégorie de littérature. Certes, le monde est bien campé, en descriptions efficaces (le fjord sur lequel est bâtie la forteresse de Limsdal, les tentes-ballons captifs de l’état-major arensdalien, l’animation d’une fête au château, l’horreur d’un champ de bataille ou… Zalim). Certes, le récit, bien construit, adoptant tour à tour le point de vue de plusieurs personnages clés, progresse sans à-coups et les personnages nous sont assez sympathiques pour que nous nous intéressions à leur sort. Car bien entendu, c’est le destin de deux royaumes, engagés depuis des décennies dans une guerre absurde, qui est en jeu, et l’action ne manque pas.

Mais le style reste quand même assez basique, et les dialogues oublient de s’adapter au contexte. Sans doute des adolescents sont-ils ravis d’entendre des princesses se taquiner comme eux-mêmes pourraient le faire (« Ça pigeonne, ma parole […] je suis super impressionnée, tu me fais trop peur ») mais pour des lecteurs aguerris du genre, cela sonne faux. De même, les personnages paraissent un peu archétypaux : quatre belles filles, la brune, la rousse, la noire et la blonde, personnage pour le moment plus secondaire. Un soldat qui dans son point de vue nous a paru assez ordinaire, typiquement le brave gars qu’on mobilise sans lui demander son avis, et qui se retrouve tout à coup, charismatique à souhait, une pièce maîtresse de l’échiquier. On notera quand même un personnage complexe, tourmenté, ambigu, celui du roi. Le premier ministre également a un passé lourd et des sentiments forts.

Quant au récit, dans le souci de baliser le parcours du lecteur, l’auteur lui donne peut-être trop d’indices. Là encore, quelqu’un découvrant le genre pourra être surpris par les diverses révélations, mais avec l’habitude, on évente très vite les secrets que l’auteur croit nous cacher. Tout cela, bien sûr, ne nuit pas au plaisir de la lecture, tant qu’on accepte de ne pas jouer les cyniques blasés et de retrouver ses émerveillements de jeunesse !

Zalim
Carina Rozenfeld
Éditions Scrinéo
350 pages – 16,90 euros

A propos de Marthe Machorowski

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