« Les Enfants du Ciel – Zone of Thought » de Vernor Vinge (Robert Laffont)

Les Enfants du Ciel-Vernor VingeLes Enfants du Ciel de V. Vinge débute là où s’arrêtait Un Feu sur l’Abîme, premier volume de la série « Zone of Thought » et pièce maîtresse de l’auteur. Vous êtes passés à coté d’Un Feu sur l’Abîme ? Poursuivez votre lecture. Vous l’avez lu et vous demandez ce que sa suite a dans le ventre ? Sautez deux paragraphes.

De prime abord, Un feu sur l’abîme paraît osciller entre space opera et hard science. Dans un avenir lointain, et dans un secteur bien éloigné de la Voie Lactée, une mission scientifique humaine explore les résidus d’une base de données aux proportions prodigieuses, derniers vestiges d’une civilisation éteinte. Malheureusement, les données en question sont tout sauf inertes… Une IA y sommeille qui, ramenée à la vie par l’activité humaine, prend possession de leur vaisseau et se répand dans la galaxie, en quête de domination et de transcendance. 
Physique quantique, transhumanisme et poésie stellaire : cette première branche narrative d’Un Feu sur l’Abîme en met plein la vue.

Première branche ? Hé oui ! Car parallèlement, nous suivons les aventures d’un couple d’orphelins échoués sur une planète profondément jack-vancienne : paysages majestueux, dangers naturels et… une espèce de loups à l’intelligence collaborative surprenante. Cette seconde branche verse en plein dans le planet opera – on pense notamment à la Planète Géante de Jack Vance.

Bon travail sur les personnages, énormément d’imagination, une écriture classique mais pas désagréable : le livre est une réussite et procure un plaisir que n’entache (presque) pas un final un cran en dessous. Bref, si vous ne l’avez jamais lu, foncez ! Et ne lisez pas ce qui suit, c’est plein de spoilers.

La question que je me suis posée immédiatement en découvrant Les Enfants du Ciel fut : quelle route V. Vinge avait-il décidé de poursuivre ? Celle, exotique et picaresque, du planet opera rempli d’enfants géniaux et de loups intelligents ? Ou bien celle, plus sombre et complexe, d’un space opera haut de gamme peuplé d’IA hostiles et d’entités trans-sapientes ? À moins qu’il ne joue de nouveau sur les deux tableaux ?

La réponse saute rapidement aux yeux : l’auteur a fait le choix de la fantasy. Nous retrouvons donc Ravna et ses comparses, quelques années après le dénouement d’Un Feu sur l’Abîme. Les enfants rescapés du vaisseau sont peu à peu ranimés et apprennent à co-exister avec les Dards. Leurs deux gardiennes adultes scrutent avec angoisse le ciel, craignant que la Flotte prisonnière des Lenteurs ne s’en dégage soudainement et surgisse pour les anéantir… Elles font donc tout pour retrouver les compétences technologiques qui leurs permettraient de réparer leur propre aéronef et de mettre les voiles… Un projet d’autant plus compliqué que s’en mêlent les résidus de Maître Acier, l’arrogance adolescente et les complots de Dards ambitieux.

On sent l’auteur passionné par sa création, et sa joie de dérouler les détails d’un nouveau monde-univers pourrait être contagieuse… si tout cela n’était pas à ce point convenu. 
Car, et c’est l’écueil des Enfants du Ciel, on ne retrouve presque rien de l’imagination baroque du premier opus. Complots, aventures, héroïsme : rien de mauvais, mais rien de surprenant non plus. Même remarque sur le style, pas franchement désagréable, simplement très typé. Et puis, il y a cette sensation lancinante d’en avoir assez lu sur les Dards, et pas assez sur les Lenteurs et les secrets de l’Au-delà…

Finalement, tout se résume à cette question : qu’avez vous le plus aimé dans Un Feu sur l’Abîme ? S’il s’agit des Dards, vous pouvez y aller en confiance. Mais si vous aviez comme moi davantage accroché à la fascinante géographie spatiale et aux interventions d’entités quasi-omnipotentes tentant d’annihiler toute conscience indépendante… Alors, passez votre chemin.

Chronique de Cédric Ledoux

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