Le vol des Harpies de Megan Lindholm

Le vol des Harpies de Megan LindholmCela commence comme un roman d’aventure classique : une jeune femme, Ki, escalade à mains nues une falaise abrupte. L’effort est intense, la terreur omniprésente, mais la force de sa colère et de sa haine la hissent au sommet. Là-haut se cache le nid des harpies. Ki est une Romni, femme d’un peuple nomade qui ne craint ni ne vénère ces magnifiques et monstrueuses créatures. Elles ont massacré sa famille, elle tuera à son tour. Mais dans le monde de Ki, les harpies sont considérées par la majorité de la population comme des créatures quasi-divines. Dès lors, il faudra à la jeune femme toute sa détermination et son désespoir pour échapper aux harpies comme aux hommes qui les servent. Elle sera aidée dans son aventure par Vandien, le jeune voleur rencontré par hasard, qui va s’attacher à ses pas.

Hormis la sanglante rencontre qui ouvre le récit, il n’y a pas, ou si peu, de batailles pour émailler le récit ; dans cette aventure, ce qui compte avant tout, ce sont les individus. Dans ce premier volume, Megan Lindholm (alias Robin Hobb) plante le décor d’un monde rural, traditionaliste, où les créatures fantastiques appartiennent à l’imaginaire classique. Pas de grande épopée guerrière, pas de chevalier, ni de sorciers, juste des êtres humains aux motivations « banales » : l’amour, le froid, la faim, la vengeance, l’espoir… L’auteur s’attache à ses personnages : Ki, tout d’abord, cette jeune femme que la perte tragique de sa famille va jeter dans une bataille féroce et sans espoir. Au fil des pages, c’est progressivement que nous découvrons le passé tumultueux de l’héroïne. Le récit, construit sur des flash-back, laisse deviner petit à petit les méandres de l’intrigue, nous plonge au cœur de la dure lutte pour la survie dans le froid extrême d’une montagne réputée infranchissable, nous entraîne dans le rapprochement inévitable des corps précédant celui des cœurs ; autant de chemins empruntés pour nous rendre proches, les héros de cette aventure. Vandien y prend peu à peu sa place, lorsque la haine et la vengeance s’estompent.
On trouve déjà dans cet opus tout ce qui fera l’immense succès de Robin Hobb : un attachement profond pour l’être humain, la volonté de fouiller ses personnages et de leur donner corps et consistance par petites touches, au fil de leurs vies qui, pour être extraordinaires parfois, sont, d’abord et avant tout, humaines.
Si ce cycle n’a pas l’ampleur et la puissance de celui de l’assassin royal, il ravira toutefois les amateurs d’une fantasy intimiste, plus appliquée à décrire un monde et ses habitants qu’à se gorger de sang et de batailles, et surtout plus intéressée par les méandres de l’âme humaine que par ceux de l’Histoire.

 

Chronique de Sylvie ‘822’Gagnère

Éditeur J’ai Lu
Auteur Megan Lindholm
Pages  286
Prix 6,37€

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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