« Le Roi des Rêves » de Robert Silverberg

Le Roi des Rêves de Robert SilverbergPour ceux qui, tout comme moi, n’ont pas eu l’occasion de lire les six premiers tomes du cycle de Majipoor, il convient de situer le cadre:
Majipoor est une planète géante colonisée par les humains depuis environ 13 000 ans et sur laquelle ils cohabitent avec d’autres espèces intelligentes, autochtones ou provenant, comme eux, d’autres mondes. Elle est composée de trois gigantesques masses continentales: Alhanroel à l’Est, Zimroel à l’Ouest et Suvrael au Sud.

Du point de vue politique Majipoor est une planète état de quelques 15 milliards de citoyens vivant sous un régime monarchique relativement particulier puisqu’il s’agit d’une monarchie bicéphale non héréditaire: deux « princes» dirigent conjointement la planète, l’un étant hiérarchiquement supérieur à l’autre. Au niveau inférieur de cette double monarchie se situe le Coronal, roi du monde qui règne depuis le sommet du Mont du Château, gigantesque montagne d’Alhanroel culminant à 50000 m d’altitude et abritant sur ses flancs des dizaines de cités aussi belles les unes que les autres.
Le Coronal est désigné par son prédécesseur (en dehors de sa famille) et le remplace au moment où celui-ci monte sur le trône du Pontife.
Souverain suprême de Majipoor, le Pontife règne quant à lui depuis le cœur de l’immense cité souterraine du Labyrinthe, également située sur Alhanroel. Le Pontife est une sorte d’empereur et le reste jusqu’à la fin de sa vie (contrairement au Coronal, qui perd ce titre lorsqu’il devient Pontife à son tour) ; son pouvoir est d’essence morale et c’est lui qui, en dernier recours, décide de la politique à suivre. Le Coronal ayant quant à lui, un pouvoir plutôt « exécutif », il est chargé d’appliquer cette politique et de veiller à ce que les lois soient respectées.
Une troisième puissance, d’ordre non politique, existe: celle représentée par la Dame de l’He, qui exerce son office depuis l’He du Sommeil, située au large des côtes d’Alhanroel. Traditionnellement, la Dame de l’He est la mère du Coronal régnant et a pour rôle, grâce à une merveilleuse invention, d’entrer chaque nuit dans l’esprit des citoyens de Majipoor pour leur offrir réconfort, conseil et guérison (sic). Elle est aidée dans cette difficile tâche par de nombreux acolytes qui résident dans les nombreux palais de son immense île.
Son pouvoir est d’ordre spirituel et psychique.

Au moment où débute ce roman, Lord Prestimion est Coronal depuis vingt ans et le Seigneur Confalume est Pontife depuis autant de temps, après avoir été Coronal pendant quarante ans. Mais Confalume est très vieux et sa santé décline rapidement. À sa mort, Prestimion devient pontife et doit quitter le Château avec sa famille et ses proches conseillers pour aller s’installer dans le Labyrinthe. Pour lui succéder au Château il a, depuis longtemps déjà, désigné le prince Dekkeret, issu du peuple et qui lui a sauvé la vie jadis, lequel va devoir ceindre la couronne de Coron al si le Conseil confirme sa nomination.
Et c’est à ce moment de flottement lié à la passation des pouvoirs que réapparaît au cœur du continent de Zimroelle comte Mandralisca, ancien goûteur et âme damnée de Dantyria Sambail, le dernier Procurateur de Zimroel qui avait rêvé de régner sans partage sur ce continent avant que Prestimion ne mette fin à sa rébellion et ne supprime cette charge aux trop grands pouvoirs. Mandralisca s’est mis au service des Cinq Lords, neveux et héritiers stupides et dégénérés du Procurateur, dans l’oreille desquels il distille son venin pour les inciter à réaliser ce que leur oncle avait entrepris: faire sécession du gouvernement central et faire de Zimroel un royaume à part entière avec son propre Pontife; ce faisant, il pourrait assouvir sa vengeance sur Prestimion.
Les épreuves s’accumulent pour le tout nouveau Coronal ainsi que pour le Pontife Prestimion, puisque Mandra lisca a mis la main sur un nouveau casque permettant de contrôler les pensées et les esprits (semblable en cela, mais en plus perfectionné, au casque utilisé en son temps par son ancien maître le Procurateur). Mandralisca est bien décidé à utiliser ce casque pour affaiblir le pouvoir des deux souverains légitimes afin de pouvoir régner sur Zimroel par l’intermédiaire de ses soi-disant maîtres, qui ne sont rien d’autre que des marionnettes entre ses mains.

Ce septième et ultime volume du cycle de Majipoor, développant une trame et une intrigue intéressantes, est d’une lecture plutôt agréable. Si je devais faire quelques reproches, c’est au sujet des personnages, qui me semblent manquer de profondeur et de substance; les caractères ne sont pas assez fouillés, manquent de complexité et certains sont même assez simplistes, tels les cinq frères Sambailids complètement idiots…
Mais cette impression est peut-être due au fait qu’ils ont déjà été présentés dans les tomes précédents, que je n’ai pas lus. En outre, beaucoup de temps est passé à décrire les étapes de la passation des pouvoirs (avant et après la mort de Confalume), les doutes ressentis par Prestimion et Dekkeret quant à leur capacité à assurer au mieux leurs nouveaux rôles respectifs, mais également à nous convaincre de la supériorité morale des deux monarques (au point de les rendre presque parfaits), alors que les situations conflictuelles sont abordées et résolues un peu trop rapidement, qu’il s’agisse de brouilles amoureuses (entre Dekkeret et Fulkari ou entre Keltryn – sœur de Fulkari – et Dinitak – ami de Dekkeret), de désaccords entre Prestimion et Dekkeret sur la stratégie à suivre ou bien de la confrontation finale entre Dekkeret et Mandralisca… En effet, cette rencontre débutant à peine s’achève déjà sans qu’on ait eu la chance d’assister à un véritable duel (combat physique ou, pourquoi pas, psychique) entre ces deux forts caractères (ou du moins présentés comme tels).
Tout cela, je dois le dire, m’a laissé un peu sur ma faim…
En bref, nous avons là un livre intéressant, mais dont certains aspects, à mon avis, essentiels n’ont pas été assez approfondis. Ce roman aurait mérité, bien qu’il compte déjà plus de 450 pages, d’être un peu plus long, de façon à ce que la fin n’ait l’air ni précipitée ni bâclée.
Mais qui sait, peut-être qu’après lecture des tomes précédents cette impression disparaîtrait…

 

Chronique de Fabrice ‘1249’ Maupin

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"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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