« Le Fini des mers » de Gardner Dozois

Un froid jour de novembre, nous dit-on, c’est à ce moment-là qu’ils sont arrivés. Quatre vaisseaux extraterrestres se posent doucement sur Terre. Les médias s’affolent, l’armée aussi. Mais les vaisseaux restent immobiles et silencieux. Rien ni personne n’en sort. Ils semblent attendre.

Les intelligences artificielles de la Terre tentent une communication, mais elles n’obtiennent pas vraiment de réponse. En parallèle à ces vaisseaux mystérieux, on découvre Tommy, un petit garçon dont la famille n’est pas la meilleure du monde. Violenté par son père, devant sa mère impuissante et triste, il s’évade souvent sur le chemin de l’école ou avec ses amis, lorsqu’ils font des excursions pour jouer dehors.

Ces derniers jours, les Autres amis de Tommy, que l’on pense imaginaires, ne veulent plus lui parler comme avant. Ils restent silencieux, semblent attendre. Tommy sait qu’il est le seul à les voir et à les entendre. Il ne l’a jamais dit à personne. C’est son secret. Les Autres ne parlent qu’à lui seul de toute façon.

Tommy découvre les vaisseaux spatiaux à la télévision. Il sait que quelque chose se prépare. Il sent ce flottement, cette attente au creux de son estomac, sans pouvoir la définir. Les Autres aussi attendent, invisibles sur Terre, mais y vivant tout de même, comme dans un univers parallèle. Un jour, un des Autres vient parler à Tommy de ces vaisseaux immobiles, alors que le petit garçon s’est éloigné de l’école, qu’il contemple le monde, dans le froid d’un de ces jours de novembre…

Le récit de Gardner Dozois est très beau, mélancolique, parfois à la limite du contemplatif, et toujours délicat. Il alterne entre deux types de récits. Les chapitres sur les vaisseaux extraterrestres sont plus descriptifs, simples. Comme un compte-rendu, un état des lieux de la situation. Dans les chapitres où l’on suit Tommy, le style est plus vivant, plus imaginatif, sensible.

On découvre Tommy et les vaisseaux au fur et à mesure de la lecture, lentement, chapitre par chapitre. Les deux sont mystérieux et fascinants. À la première lecture, on comprend rapidement pourquoi l’ouvrage a été nommé aux prix Locus et Nebula, et est arrivé finaliste pour le prix Hugo. L’écriture est fine, harmonieuse, immersive et prenante. La lecture ressemble à un voyage doux, comme sur une barque, ou une balade en bord de mer, un jour gris et un peu triste.

Gardner Dozois est surtout connu pour son travail de rédacteur en chef et directeur du magazine Asimov’s Science Fiction. Il a publié également beaucoup d’anthologies, souvent en collaboration avec George R. R. Martin. Il a également écrit trois romans courts et une soixantaine de nouvelles.

Dans sa forme, Le Fini des mers est un roman court, qui se lit vite, se dévore et se relit avec plaisir. Le livre de Gardner Dozois a été écrit et publié aux États-Unis en 1973. Il vient seulement d’être publié en France en juin 2018 par Le Bélial’. Dommage que l’auteur nous ait quittés en mai de cette même année. Une littérature à découvrir avec un petit pincement au cœur donc, mais surtout une grande passion.

Chronique de Shani ‘1464’ Chevalier

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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