« La Clef de Pandémonium » de Florent Balodis Delattre

Gilles-Jonathan Prosper, dit Johnny, guide de survie en forêt pour les touristes, pensait passer un bon moment en faisant découvrir à Samira et Amandine les endroits pittoresques aux alentours de Vert-Morte-la-Vieille.

Mais la dégradation de la météo et le temps épouvantable qui s’en est suivi n’a pas permis de concrétiser ce projet, au contraire tout est allé de travers. Ils se retrouvent tous les trois, après plusieurs épreuves au milieu de la tempête et du froid, dans une maison où une vieille dame vient de mourir, veillée par sa fille Rosie et ses deux enfants.

La vieille dame en question avait la réputation d’être une sorcière et, Rosie leur ayant proposé, vu la météo qui ne s’arrangeait pas, de rester pour la nuit, ils vont vite s’apercevoir que la maison est plus que hantée.

Changements d’humeur chez les protagonistes, désirs interdits et perversions les uns envers les autres, agressivité, ectoplasmes apparaissant et disparaissant, rien ne leur sera épargné, ni physiquement, ni psychiquement. Comble de l’horreur, il y a la cave et ce miroir bizarre installé tout au fond, serait-il un passage vers un autre monde ? Quels monstres ou démons laisserait-il entrer ?

Pour compléter le tableau, il y a le frère de Rosie, tombé dans un sommeil profond le jour de la tempête, qui se réveille avec un comportement de possédé, et Alice, la fille de Rosie, qui devient perverse et provocatrice. C’est en fait un monde qui s’écroule pour en révéler un autre, bien plus dangereux, mystérieux et incompréhensible, qui va entraîner tous les personnages au bord de la folie et de la mort.

Cet ouvrage de Florent Balodis Delattre, touffu, avec de nombreux personnages, se décompose en trois parties : la première, violente, déstabilisante et presque pornographique, avec des passages à la limite du supportable (d’ailleurs la quatrième de couverture indique « pour lecteurs avertis », ce qui semble judicieux). Une deuxième partie, toute aussi violente mais avec un début d’explication générale, un peu longue et moins intéressante après la puissance de la première, et une troisième partie où tout est dévoilé, plus sympathique à lire et je dirais presque apaisée, ménageant un peu les pauvres personnages que l’on commence à connaître et à apprécier.

Il faut noter que plus de 600 pages font un ouvrage assez imposant, mais les dialogues sont vifs, les protagonistes bien décrits et crédibles, avec des psychologies fouillées. Un découpage du texte en petits chapitres permet de suivre le parcours des personnages en même temps, et d’avoir ainsi une vision générale du déroulement du récit.

Désorienté par le style, tantôt Stephen King, tantôt Lovecraft, parfois complètement gore, le lecteur s’y retrouve finalement dans ce puzzle foisonnant où sont conviés les légendes, les monstres et tous les pires cauchemars de l’univers.

L’auteur fait d’ailleurs partie d’un groupe de Black Métal « Naked Scarecrow », assez en accord avec l’ouvrage où sont cités plusieurs groupes et quelques titres et albums de ce genre de musique.

En annexe, un glossaire présente tous les mots ayant trait à l’occulte et employés dans l’ouvrage, avec des explications.

En conclusion, si la peur d’être choqué parfois et si le nombre de pages ne vous effraient pas, ce livre un peu bizarre mais décapant mérite votre intérêt.

Chronique de Jean Pierre Binet

A propos de Mourad

Participe au comité de lecture d'AOC (qui a dit pas régulièrement ?) et donne des coups de main sur le site ou sur tout un tas d'autres sujets (qui a dit c'est trop vague ?).

Consultez aussi...

« Le Troisième Exode » de Daniel Mat

Il y a un siècle de cela, ATMOS, un réseau d’intelligences artificielles, a quitté la …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.