« Celle qui a tous les dons » de M.R. Carey

« Celle qui a tous les dons » est la traduction du nom grec « Pandore ». Et nous savons tous comment cette jeune fille a fini…

Le contexte :
Vingt ans plus tôt, une épidémie due à la mutation improbable d’un champignon (Ophiocordyceps Unilateralis) a transformé la majeure partie de l’humanité en zombies. Ceux qui ont échappé à la maladie se divisent en deux groupes : ceux qui essaient de préserver une certaine civilisation et se sont retirés dans des villes fortifiés et ceux qui préfèrent tenter leur chance en pleine nature et se font appeler les cureurs.

Le lieu :
Un camp de recherche sur le parasite, d’abord, où l’on espère bien évidemment trouver un remède à l’épidémie en étudiant des enfants infectés atypiques. Puis, après une attaque massive des cureurs, les routes conduisant à la ville fortifiée la plus proche, Beacon, en passant par le cœur de Londres, où les zombis sont quasiment omniprésents.

Les personnages :
Mélanie, une petite fille de dix ans extrêmement intelligente et attachante, infectée par le champignon, mais toujours capable de penser et de ressentir. Helen Justineau, l’un de ses professeurs au camp et la seule personne à réellement considérer Mélanie comme une enfant et pas comme un monstre. Le Docteur Caldwell, qui n’hésite pas à charcuter les enfants comme Mélanie dans l’espoir d’arracher le secret de leur résistance à leurs corps démembrés. Le Sergent Parks, chargé de la sécurité du camp, puis de la sécurité du groupe de survivants. Le soldat Gallagher, un autre survivant du massacre.

L’histoire :
Un road movie au cours duquel toutes les certitudes vacillent et meurent avant de laisser place à une nouvelle réalité.

Exactement soixante ans après que Richard Matheson a écrit Je suis une légende, la fin du monde inspire toujours les plus talentueux auteurs.

M.R. Carey est principalement connu pour son travail pour DC Comics et Marvel (Lucifer, Hellblazer, X-Men, Les Quatre Fantastiques…), mais son œuvre ne se réduit pas à ça, puisque ce roman est son septième. Il devait en premier lieu être un scénario et, par un juste retour des choses, un projet de cinéma est en cours sous la direction de Colm McCarthy (Sherlock et Dr Who). Ceci nous explique sans doute la construction simple, sans aucun temps mort, avec une description détaillée des décors et des actions des personnages. Mais cela ne nuit aucunement à la qualité globale de l’histoire dont il est difficile de s’extraire une fois qu’on a mis le nez dedans.

L’histoire est racontée à la troisième personne en variant de point de vue entre les cinq protagonistes principaux. Cela permet à l’auteur de montrer les choix que chacun a faits, voire de les justifier, même quand ils peuvent paraître monstrueux, et offre au lecteur l’opportunité de réfléchir à ce que lui aurait pu faire dans les mêmes circonstances. Les personnages peuvent ainsi évoluer au-delà des stéréotypes qu’ils semblent incarner au départ et nous fournissent une vision subjective de ce monde à l’agonie, où les seules informations que nous pouvons obtenir sont celles que possèdent Mélanie et les autres, informations biaisées par la perception qu’ils ont chacun de la réalité.

Pour finir, sachez que l’auteur s’est engagé sur deux autres romans après celui-ci, le premier étant déjà achevé. Mais personne ne sait s’il s’agira de suites de Celle qui a tous les dons

Chronique de Frédéric Bonneville

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