« La Moitié d’un Roi – La Mer Éclatée » de Joe Abercrombie

Disons le tout net, Joe Abercrombie est un cas. Il est un des rares auteurs aptes à donner dans la Fantasy épicée d’humour sans pour autant laisser aller l’intrigue à vau l’eau. Vous allez me dire que je suis difficile, mais je n’ai ainsi pas accroché du tout au « Garrett Détective Privé » de Glenn Cook, alors que j’ai dévoré sa « Compagnie Noire ». La trilogie de« La Première Loi » du même Abercrombie est ainsi à mon avis une parfaite réussite.

Si cette nouvelle trilogie (« La Mer Éclatée ») s’annonce moins rigolote, l’ironie et la causticité ne sont jamais bien loin. Visant a priori un public plus jeune, Abercrombie ne cède pas aux sirènes de la simplicité, et surtout reste intéressant pour l’adulte (sans prétention aucune de ma part !).

Yarvi, prince du Gettland, en plus d’être simplement le « cadet », est surtout handicapé par un moignon de main qui l’empêche de se sentir un homme complet. Incapable d’être guerrier, il est voué appartenir au Ministère, pour devenir conseiller sous la houlette du « Haut-Roi ».

Seulement voilà, rien ne va se passer comme attendu. À partir de ce postulat de base, Abercrombie nous emmène dans une aventure digne des Aventuriers de l’Arche Perdue (Raiders of the lost Ark, Steven Spielberg, 1981) : les évènements s’enchaînent d’un chapitre l’autre. Les retournements de situation, les descentes de Charybde en Scylla, se multiplient sans relâche, sans temps mort. Le plaisir de l’Aventure dans un univers de Fantasy.

L’écriture est fluide, sans accroc, avec ce qu’il faut d’autodérision pour satisfaire le lecteur exigeant. Les personnages principaux et secondaires trouvent rapidement leur personnalité et on comprend quand il en est besoin les tenants et aboutissants. Et même si on pressent la vérité un peu avant Yarvi, c’est qu’il faut bien concéder un peu de fierté au lecteur.

Bien sûr, le handicap du héros est à la fois un atout pour le roman tout en étant une malédiction pour son personnage. Abordé de front, ce sujet délicat, rarement évoqué dans ce genre littéraire, évite le pathos afin simplement de démontrer qu’une faiblesse d’un côté peut être largement compensée par un atout, voire un don, d’un autre.

De plus, à la différence de la plupart des trilogies, ce premier tome est conclusif. On attend bien évidemment les tomes suivants, avec le complet suspens de se demander ce qu’Abercrombie va bien pouvoir inventer pour nous distraire.

À mettre entre toutes les mains.

A propos de vincent

Tout autant amateur de SF que de Bourrée (3temps !), de Fantastique que de Violon, Vincent lit (comme on fait son) et visionne pour PdE avec un plaisir non dissimulé !

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