« Les Portes noires » de Sébastien Degorce

Il y a fort longtemps – en l’an 15 –, dans un clan de chasseurs, Naaren est très respectée pour ses talents de chasseresse. Mais elle refuse de se plier aux coutumes de son peuple, et, depuis son veuvage, décide qui aimer, résolue à mettre au monde à n’importe quel prix une petite fille. Elle s’oppose aux Dieux et à tout son clan, mais quand elle accouche enfin d’une fille, le Lion Noir dévore l’enfant. Folle de douleur, elle l’attaque et boit son sang. Cela éveille en elle la puissance des Ténèbres et une soif de sang inextinguible. Ce récit tout à fait atypique commence ainsi de façon assez traditionnelle. Il va toutefois s’étaler sur des centaines d’années – jusqu’en 1871 –, en racontant l’affrontement sans pitié de la déesse Eyne Venach et du Shaman Inoka, résolu à sauver le monde de la folie de celle qui fut Naaren.

L’univers et la mythologie sont très cohérents, et brossent une fresque impressionnante dans une ambiance sombre et souvent violente. Cependant, le livre risque de rebuter nombre de lecteurs. Ce n’est pas un roman de plage, c’est un roman ardu, plutôt difficile d’accès. La construction chronologique, lorsqu’elle s’étend sur plusieurs siècles, avec de nombreux personnages (et leurs descendants/ascendants) exige une grande concentration. Le nombre de changements de narrateurs et la multiplicité des noms peuvent perdre le lecteur. Le style, très travaillé, qui prend son temps, peut aussi dérouter l’habitué des batailles frénétiques. Il s’accélère cependant à la fin, avec un dénouement qui satisfait celui qui aura accepté le travail de lecture précédent.

L’auteur a également eu la bonne idée de présenter en fin d’ouvrage une chronologie, des cartes et un index. N’hésitez pas à y recourir au fur et à mesure !

Sébastien Degorce exige un effort de son lecteur, à la hauteur de celui qu’il a fourni pour construire une histoire prenante, un univers incroyablement vaste et cohérent. La lecture, pour difficile qu’elle soit parfois, est aussi envoûtante quand on se laisse embarquer dans cette fresque sombre, éternel combat du bien et du mal…

A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

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