« Le Système Valentine » de John Varley

Le Système Valentine de John VarleyJ’ai acheté ce livre presque les yeux fermés, ayant été conquis dans ma jeunesse par la trilogie Titan, Démon, Sorcière de John Varley. Je n’ai pas été déçu et voici pourquoi. Le héros est un acteur de talent, Kenneth Valentine, jouant dans des théâtres des planètes extérieures, courant les cachets et fuyant des situations délicates où ses petits arrangements avec l’honnêteté l’ont placé.

Au début du récit, il apprend qu’une de ses vieilles amies monte dans un théâtre de la lune « Le Roi Lear » de Shakespeare ; il réclame et obtient le rôle titre. La presque totalité du roman décrit sont trajet de Pluton à la lune, au cours duquel on va découvrir son passé par des flashbacks multiples (il est âgé de plus de soixante-dix ans car grâce au progrès médical, l’espérance de vie dépasse les 300 ans et pourrait même être supérieure), sa personnalité et ses facultés de survie car il est poursuivi par un tueur Charonais presque invulnérable (Charon étant un monde fermé sur lequel l’éducation des enfants se résume à former des assassins par des méthodes éducatives comprenant entre autres la torture). Cette découverte du passé de Kenneth Valentine est la partie la plus intéressante du livre. On découvre l’enfance prolongée du héros, enfant-acteur d’une série télévisée, Sparky et sa bande, ses liens avec son père, également acteur de théâtre de génie qui s’est chargé de l’éducation de son enfant, celle-ci étant pour le moins efficace car il connaissait à quatre ans l’intégrale des pièces de Shakespeare.

L’image du père est centrale dans ce roman, son amour exclusif du théâtre à l’exclusion de toute autre forme artistique, le poussant à vouloir faire de son fils un acteur aussi génial que lui-même, par n’importe quel moyen. Et cette relation père-fils est le cœur de ce roman, le nerf central d’où découlent tous les événements à plus ou moins long terme, et qui amène des situations chargées d’émotion. Par ailleurs, John Varley fait preuve ici d’un remarquable sens de l’humour : en casant ici et là de brefs extraits de critiques théâtrales, par ses références à Groucho Marx, W.C. Field et au cinéma pré-années soixante, en faisant du héros un être psychologiquement légèrement perturbé l’assumant pleinement (Kenneth voit régulièrement un sosie de James Stewart dans un de ses rôles selon les situations qui vient le conseiller, situation parallèle à un des films de James Stewart où celui-ci voyait un lapin géant nommé Harvey), ainsi que par sa vision de la vie dans ce futur pas si lointain. Bref, on s’amuse page après page. En outre, la description du système solaire, de l’évolution de l’homme et des mondes habités suite à l’arrivée d’envahisseurs inconnus, et bien d’autres descriptions de réalisations technologiques futures font de ce livre un vrai roman de S.F., posant également des questions dans des domaines qui nous touchent aujourd’hui : les fatwas condamnant un individu à mort, le clonage, l’éducation…

Enfin, la fin est un régal : un rebondissement qu’on ne voit pas du tout venir, et une vision somme toute assez optimiste et libertaire de l’avenir. Bref, ce livre est excellent. Vraiment. Il n’est certes pas facile et il y a quelques longueurs, mais chaque moment de lecture est immensément gratifiant, et ce livre est l’un des plus intéressants depuis très longtemps.

 

Chronique de Pierre ‘1275’ Crooks

Éditeur Denoël
Auteur John Varley
Pages  573
Prix 28€

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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