« Le Dernier Loup-Garou » de Glen Duncan

Le dernier loup garou-Glen DuncanLorsque l’unique et donc meilleur ami de Jake Marlowe, Harley, vient lui annoncer qu’il est devenu le dernier Loup-Garou encore vivant au monde, celui-ci sombre dans la dépression. Il sait à présent que les membres de l’OMPPO (l’Organisation Mondiale pour la Prédation des Phénomènes Occultes) sont sur sa trace, prêts à lui envoyer une balle en argent dans le corps. Cependant, la Chasse n’est pas la seule à s’intéresser à lui : une aussi riche que mystérieuse Française, Jacqueline Delon, le retrouve afin de lui faire une bien étrange proposition…

Les loups-garous au cinéma, on connaît. Depuis les grands classiques d’Universal (The Wolf Man, 1941), ils ont fait de régulières apparitions sur nos écrans, des plus petits aux plus grands. On se souvient bien sûr du clip de la chanson phénomène de Mickaël Jackson, Thriller (1982), ou bien encore du long-métrage de John Landis, Le Loup-Garou de Londres (1981). Plus récemment, c’était Joe Johnston qui revisitait le mythe avec Wolfman (2010). En visionnant ce genre de films, ce que cherche l’amateur de frissons, c’est ce qui va le marquer profondément, c’est-à-dire la transformation de l’être humain en monstre sanguinaire. C’est d’autant plus impressionnant qu’avec les progrès des techniques cinématographiques, ces scènes de métamorphose, très souvent allégoriques, ont gagné en réalisme. Cependant, on reste sur sa faim. En effet, malgré tous les efforts des réalisateurs, jamais aucun d’entre eux n’est parvenu à faire entrer le spectateur dans la tête du loup-garou.

Avec « Le Dernier Loup-Garou », Glen Duncan comble enfin cette frustration de cinéphile 1 en nous proposant un roman à la première personne. Et c’est peu dire que de remarquer à quel point la psychologie de Jacob Marlowe s’avère d’une grande richesse. En un peu plus de deux cents ans d’existence, Jake a su se forger un caractère bien trempé. Malheureusement, après deux siècles de Malédiction, qui l’oblige tous les mois, à la pleine lune, à manger des gens, le cœur n’y est plus. À moins bien sûr qu’une rencontre ne change le cours de sa vie…

Voici donc le huitième roman (sur dix) de Glen Duncan, l’auteur britannique à qui l’on doit Moi, Lucifer (Denoël, Lunes d’encre), seul titre déjà publié chez nous. Pour moi, Le Dernier Loup-Garou est à la fois une découverte et une révélation. En un seul roman de 360 pages, Duncan nous montre toute l’étendue de son talent : style splendide qui magnifie une histoire qui pourrait paraître bien banale chez bon nombre de ses collègues écrivains, facilité déconcertante à tenir son lecteur en haleine, descriptions virtuoses des scènes érotiques et de tueries, etc. Sans s’en rendre compte, on se fait balader, avalant les pages avec frénésie jusqu’à une apothéose magnifique (avec une petite pirouette scénaristique dont je ne dirai rien). Pourtant, l’écriture de Duncan est souvent exigeante, et le propos bien loin de la bluette bit-litesque, si vous me permettez ce néologisme.

Bref, un roman éminemment recommandable qui marque durablement le lecteur. Pour la collection Lunes d’encre, l’année 2012 se terminait superbement (l’intégrale d’Omale, de Laurent Genefort, en deux tomes). Avec ce Dernier Loup-Garou, 2013 a commencé sur les chapeaux de roues !

Chronique de Antoine Chalet

Note :

  1. En effet, le lecteur averti, lui, aura remarqué que Glen Duncan n’est pas le premier à entrer dans la tête d’un loup-garou, et ce avant même la vague bit-lit… (NdlR)

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