« Le Dernier Jardin » de Lionel Bénard (Midgard)

Le dernier jardin-Lionel BénardLa Bretagne, terre de légendes, de sorcellerie, de contes à dormir debout – ou à ne plus dormir… Michel Guévenin est soldat. Blessé, meurtri par toutes les horreurs de la guerre, il se réveille amnésique dans un hôpital proche de son village pour apprendre que sa femme et son fils ont disparu dans d’étranges circonstances.

Commence alors pour lui une quête désespérée, mêlant le présent au passé, ressuscitant le petit garçon qui a grandi dans l’angoisse, en se réfugiant dans la magie des sombres bois qui l’entouraient. Une femme médecin, rencontrée autrefois au cours d’une mission en Afrique, est à ses côtés dans sa recherche éperdue de la vérité, tandis qu’une mystérieuse silhouette hante les bois.

Lionel Bénard nous entraîne dans une histoire un peu fantastique, un peu thriller, un peu fantasy, qui plonge ses racines dans la complexité des émotions et des sentiments humains. Tout au long du roman, on suit en parallèle deux récits : celui de l’enfance du héros, aux accents de conte de fée et l’histoire de l’adulte, de nos jours, sous la forme d’un thriller où les accès de violence font brutalement irruption, plongeant le lecteur dans un suspense parfaitement maîtrisé.

Les deux chroniques se succèdent, sans vraiment se compléter jusqu’au dénouement. D’un côté, une enfance malheureuse, un conte cruel sur la maltraitance où le jeune Michel va tenter de grandir entre des parents violents et un frère enragé. Heureusement, il trouve refuge auprès de Simon, qui l’initie à la magie, un personnage qui pourrait être une sorte de bonne fée, mais dont les motivations sont assez floues pour être suspectes. De l’autre, la disparition inexpliquée de sa femme et de sa fille et l’enquête de police où toutes les pistes semblent conduire jusqu’à lui, exceptée la présence, à la lisière de l’histoire, comme elle serait à la lisière de la conscience, d’une silhouette menaçante, dont on ne sait s’il s’agit d’un humain ou d’un démon.

La cruauté du conte et du thriller se mêlent habilement dans un roman ambitieux par ce mélange des genres qui le rend assez inclassable. Là où la magie rencontre des tueurs psychopathes, la terre de Bretagne est à la fois attendue et surprenante. Au final, on se laisse surtout guider par l’émotion dans cette lecture, et emporter parfois par la poésie qui s’échappe comme par magie de toute cette horreur. Lionel Bénard livre ici un beau premier roman, qui laisse augurer du meilleur pour la suite !

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A propos de Syl

Fervente adepte des cultures de l'imaginaire (et des autres), curieuse de tout (et du reste), boulimique du verbe (qui a dit, mais pas que ?), enfin et accessoirement présidente du concours Visions du Futur (pots de vin acceptés).

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