« L’ange blond » de Laurent Poujois

angeblond_poujoisAurore Lefèvre, 26 ans, est aussi belle, dans le genre blonde éthérée tout juste sortie de l’adolescence, que dangereuse, voire fatale. Elle a survécu à la Légion, à une opération très mal organisée en particulier, qui a laissé son meilleur ami dans une cuve nutritive. Depuis, elle a un petit peu de mal avec l’autorité. Elle occupe son temps entre l’orchestration et l’éducation de biônes, et des activités moins autorisées, comme sauter en chute libre au-dessus de l’espace aérien de la résidence impériale à Londres.

Oui, parce qu’en ce début de troisième millénaire, les Brits continuent à défier l’Empire, qui pourtant s’étend sur toute l’Europe, même si Londres, comme Berlin, n’est qu’une mégapole de plus en son sein. Et à l’heure du cent-cinquantième anniversaire, la Police Impériale craint un attentat contre l’Impératrice Caroline. Elle suspecte un certain Otto Hitler, chargé d’organiser la cérémonie commémorative. C’est pourquoi la P.I. enlève Aurore pour la forcer à démasquer les terroristes, en l’infiltrant dans l’équipe d’Hitler, en tant que Maître-orchestreur chargée de l’accompagnement musical de l’événement. Tout en jouant son rôle d’infiltrée, Aurore participe aux opérations de la P.I. et mène sa propre enquête à l’aide de certaines relations, car elle ne fait pas confiance aux barbouzes, ni à Louis, l’imposant officier de liaison dépêché par le Palais. Ils remontent la piste du complot, mais, chaque fois, leurs adversaires semblent avoir un coup d’avance, les preuves partent en fumée. Et la cérémonie approche, dans un lieu toujours tenu secret…

Premier roman pour adultes de l’auteur, cette uchronie inventive et mouvementée est assez jubilatoire. On s’amuse à retrouver des éléments de réalité, quelques peu réarrangés – c’est la loi du genre. En même temps, un parfum de steampunk traîne dans les parages. L’auteur a imaginé une société moderne qui n’a rien à envier à la nôtre : la conquête martienne a eu lieu, les biônes remplacent les microprocesseurs, le Réseau existe donc aussi, mais son support est biologique, et le français domine, truffé de germanismes. Toute la géopolitique est évidemment chamboulée, mais certaines constantes demeurent : la volonté de puissance des uns, les rêves de vengeances des autres, l’avidité financière et commerciale des grands Corporats.

Bref, à travers cette réalité alternative, c’est bien une critique de la nôtre aux allures d’aventure de James Bond, que l’on peut lire. On devine même la possibilité d’une suite… Un bon moment de lecture !

Chronique de François Manson

Editeur Mnémos
Collection Icares
Auteur Laurent Poujois
Pages 303
Prix 19,90€

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