« La parabole du semeur » de Octavia Butler

En 2025, la Californie sombre peu à peu dans la misère et le chaos. Les différents quartiers s’entourent de murs afin de se préserver des milices, des drogués incendiaires, des marchands d’esclaves…

Lauren Olamina, âgée d’une quinzaine d’années, vit dans une de ces communautés avec sa famille, son père étant le pasteur. Mais Lauren est hyper-empathe, elle ressent la douleur des autres au point de saigner lorsqu’elle voit une personne blessée.

En tenant son journal intime, elle crée une nouvelle religion : semence de la Terre où elle professe que « Dieu est changement » permettant ainsi aux fidèles de décider eux-mêmes de leur destinée et de façonner Dieu comme ils l’entendent.

Après la destruction de son quartier et la disparition de sa famille, Lauren décide de concrétiser son rêve et de fonder une communauté basée sur les principes de semence de la Terre. Elle parcourt ainsi un pays dévasté, avec des compagnons de fortune récupérés au bord de la route, à la recherche du lieu idéal. Le premier roman prend fin avec la fondation de la chênaie.

La parabole des talents reprend l’histoire en 2032, le groupe de fidèles s’est agrandi atteignant une bonne cinquantaine de personnes vivant en bonne entente avec leurs voisins. Mais un président fasciste étant élu, les extrémistes et fanatiques religieux décident de « ré éduquer » les incroyants. Ils s’attaquent à semence de la Terre, transformant l’utopie de Lauren en camp de concentration.

Ayant lu ces deux textes durant les incidents en banlieue, ils ont pris une dimension « prophétique » toute particulière.

La principale différence entre ces deux romans est narrative, la parabole du semeur étant le journal intime de Lauren alors que la parabole des talents est le point de vue de sa fille qui ne partage pas toutes les idées de sa mère. Il y a aussi la violence qui est plus présente et plus crue dans le deuxième tome, l’univers concentrationnaire étant décrit sans complaisance.

Et c’est le plus effrayant car Octavia Butler rend ce futur proche crédible et inévitable , pas de « voitures volantes », pas « de gélules pour remplacer les aliments » mais juste un manque d’eau potable, une pénurie de nourriture, un dérèglement climatique et une pauvreté alarmante.

Les hésitations de Lauren font aussi réfléchir le lecteur : son mari lui demande de choisir entre sa communauté et la sécurité. Une question sous-jacente est : la religion protége t’elle de la violence extérieure ? La réponse est évidement non, d’ailleurs les personnages ne sont pas dupes. Il y a aussi une réflexion sur la place des femmes dans la société, surtout dans une société agressive où elles sont les premières victimes.

Cependant ces romans ne sont pas une « nouvelle bible », Octavia Butler n’est pas Ron Hubbard et ne veut pas fonder une nouvelle religion même si certains « fanatiques » sont persuadés du contraire sur Internet.

En conclusion, deux grands romans de science fiction qui font réfléchir bien après la dernière phrase.

 

Chronique de David « 38 » Collignon

Éditeur Au diable vauvert
Auteur Octavia Butler
Pages  350 – 580
Prix 14,50€

A propos de Richard

"Ça mériterait un bon coup de pinceau" que j'ai eu la folie de dire. "Tiens voila les clés" fut leur réponse. Voila comment on se retrouve webmaster chez PdE...

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