« High-Opp » de Frank Herbert

« Un thriller de SF haletant » ferait une nettement meilleure accroche pour ce livre que la fade accroche « Le roman inédit de l’auteur de Dune » qui orne la couverture.

Dans une société futuriste, le gouvernement mondial légitime sa tyrannie à grand coup de sondages réguliers. Le Coordinateur Helmut Glass dirige ainsi d’une main de fer les différents bureaux qui encadrent la vie et les activités de la population.

Cependant, entre les Bur-Opp (bureau des opinions), Bur-Cont (bureau du contrôle), Bur-Psy (bureau de psychologie) et d’autres encore, les luttes d’influence vont bon train. Cela pourrait rappeler 1984 si l’intrigue évoluait de la même manière.

La société y est divisée en strates où les Low-Opps sont les ouvriers du bas de l’échelle sociale et les High-Opps sont les cols blancs privilégiés.

Daniel Movius, Liaitor de son métier (chargé de faire le lien entre les différents bureaux) fait l’amère expérience d’être low-oppé suite à une intrigue qui lui fait perdre son emploi, sa fiancée, son appartement luxueux pour se retrouver PE, c’est-à-dire inscrit au Pool d’Emploi (ça ne s’invente pas !!!).

La résistance qui existe se contente de végéter. Les Seps (les Séparatistes) n’ont jamais trouvé le moyen de faire mieux que quelques tags éparpillés. Movius, qui était parti du bas de l’échelle, ne s’en n’était jamais préoccupé, obnubilé qu’il était par son ascension sociale. Or, sa rétrogradation le voit retourner dans son quartier ouvrier de banlieue, aux appartements réduits à la portion congrue et dénommés Terriers !

Cependant, le Bur-Psy semble s’intéresser de près au destin de Daniel. En conséquence, un retournement de situation n’est pas totalement impossible.

Ce thriller de SF est très bien ficelé. Herbert y esquisse un monde dictatorial dont la démocratie a été gommée et que son personnage va tenter de rétablir. À la différence d’un héros de Van Vogt, Movius veut d’abord sauver sa peau, puis finalement privilégie la « révolution ».

Plus abordable que Dune, High-Opp recèle déjà les intrigues, les considérations psychologiques qui font la richesse et l’intérêt des chefs d’œuvre ultérieurs de l’auteur.

Dans son intéressante postface, le directeur de la collection, Gérard Klein, replace justement cet ouvrage dans la difficile carrière de Franck Herbert ainsi que dans le contexte historique.

Même si la description d’une société « futuriste » pour les années 50 perd un peu de sa crédibilité en 2015 (l’absence de micro-informatique, de téléphone portable…), High-Opp apporte des idées et des réflexions sur le pouvoir, que bon nombre d’œuvres actuelles, en particulier cinématographiques, amoindrissent ou évitent. Bien ficelé, High-Opp est sans temps mort et d’une lecture accessible aux débutants tout en étant attrayant pour les lecteurs plus aguerris. Bref, un roman à mettre sous tous les yeux !

A propos de vincent

Tout autant amateur de SF que de Bourrée (3temps !), de Fantastique que de Violon, Vincent lit (comme on fait son) et visionne pour PdE avec un plaisir non dissimulé !

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