« Dans les veines » de Morgane Caussarieu

Bordeaux vit dans la terreur, la nuit. Des cadavres sont repêchés dans la Garonne. Le lieutenant Baron est chargé de mettre la main sur le responsable de ces crimes. Son enquête le mène au Bathory, un club qui sert de repaire à une faune interlope. Alors qu’il est sur la piste d’une bande de tueurs aux méthodes barbares, sa fille s’entiche de Damian. Sous ses airs angéliques, le jeune homme cache une immense soif…

Morgane Caussarieu dans ce roman tord le cou aux vampires romantiques. En effet, depuis la série « Twilight », certains pensent que les vampires peuvent être gentils. Voire fleur bleue. Ici, le vampire est déviant, amoral et surtout violent. Ce qui nous pousse à déconseiller la lecture de Dans les veines aux âmes sensibles en raison de scènes trop explicites. Même si vous avez lu son essai Vampires et Bayous : sexe, sang et décadence, la résurrection du mythe en Louisiane, assurez-vous d’avoir le cœur bien accroché.

Ce livre risque de vous bluffer. Bordeaux a des airs de Louisiane. Nous avons l’impression d’être plongés dans un récit d’Anne Rice et Poppy Z. Brite. Ces deux femmes ont fait de la Nouvelle Orléans le haut lieu du vampirisme en littérature. Il est vrai que la Nouvelle Orléans est une ville particulière qui peut devenir un personnage à part entière. Et c’est pareil ici : Bordeaux est l’un des personnages du récit. Chaleur, moiteur, sexe, musique et dépravation des mœurs. La plupart des personnages n’ont aucune morale. Pas que les vampires, d’ailleurs. Bordeaux est une ville où l’on se perd et qui conduit à sa perte.

L’histoire et le style d’écriture font également penser à Sire Cédric, auteur qui ne fait pas dans la dentelle. Et pourtant… Ses histoires décrivent des monstres, des créatures proches de nous. La monstruosité n’est pas où l’on croit. C’est ce que délivrent les histoires des écrivains suivant : Anne Rice pour ses vampires sombres, romantiques et déchirés sur fond de magie et de religion. Poppy Z. Brite pour ses créatures moins raffinées, bestiales, dangereuses. Sire Cédric pour son univers proche de Lovecraft. Morgane Caussarieu nous questionne sur la violence et la fascination qu’elle provoque en nous.

En plus de la violence, des actes pervers et des scènes de torture, apparaît la question de l’esthétisme. Car ici la beauté n’est pas classique. Elle est dans le sang, la pourriture et les ordures. Elle est tourmentée aussi, telle l’âme de certains personnages. La beauté n’est pas la perfection. Tout est sombre, sanglant. Et fascinant. Inquiétant et érotique. Cela est renforcé par une écriture à la fois glaciale et nerveuse, précise et laissant place à l’imagination.

Morgane Caussarieu retourne aux origines du vampire, des sombres légendes. Et elle réussit fort bien. Nous ne pouvons que vous encourager, si vous aimez ce livre, à lire son essai. Ainsi que son deuxième roman,Je suis ton ombre. Sans oublier Le masque de la mort lente et Le miracle de la vie, deux nouvelles morbides avec une pointe d’humour bien noir.

Chronique de Isabelle Le Gac

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