« Connexions Interrompues » de Ketty Steward

connexions-interrompuesS’il est des lendemains qui ne chantent pas, ce sont bien ceux que nous propose Ketty Steward dans cette série de quinze nouvelles.

Amateurs de vaisseaux spatiaux et de croisières cosmiques s’abstenir. Il s’agit de fiction spéculative : l’auteure extrapole l’avenir à partir d’un présent observé sans complaisance. Variante de la caricature : ainsi agrandis et déformés par une autre perspective, les problèmes se révèlent avec plus d’acuité encore, les postulats sont poussés jusqu’à leurs limites, qu’il s’agisse du rapport entre les générations et de la place des personnes âgées dans la société, des privilèges des uns ou des autres, de la mécanisation et l’informatisation à outrance y compris du système scolaire, de la surenchère des médias sur les faits divers ou de la tyrannie normative.

Parfois, c’est le langage lui-même qui stimule l’imagination, le récit prenant au pied de la lettre une homonymie (feuilles des arbres et feuilles de papier) ou une métaphore (l’image de la Toile suscite l’image de l’araignée au centre et toute une série de connotations). L’aspect très noir et pour tout dire assez déprimant de cet avenir est allégé par l’humour, certes caustique, mais très efficace, des récits.

En revanche, il est vrai que ce genre de fiction dystopique a du mal à s’épanouir, si l’on peut dire, dans le cadre étroit d’une nouvelle. Imaginez 1984 en 30 000 signes ! Les sociétés et leurs évolutions sont si complexes que Ketty Steward est souvent obligée de délaisser le narratif pour l’explicatif et de multiplier les retours en arrière et les digressions, ce qui fait sortir le lecteur du récit. De toute façon, ce n’est pas la littérature de divertissement à laquelle, trop souvent encore, on ramène les genres de l’imaginaire. Encore moins une propagande simpliste. Il faut entrer dans le propos et réfléchir, car si Ketty Steward pose les problèmes, elle n’entend pas proposer de solution. Aux citoyens de les trouver… tant qu’il y aura des citoyens.

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