« Cantoria » de Danielle Martinigol

À Arae, la voix des chanteurs est l’énergie économique exploitable. Mais cette société est très hiérarchisée, presque féodalisée. On retrouve des prêtres tout puissants, imposant leur choix aux seigneurs et exploitant le bas peuple.Tous les habitants sont potentiellement des chanteurs, mais pas tous à la même enseigne.

Chez les nobles, les jeunes peuvent avoir leur voix modifiée par les prêtres pour qu’ils servent la déesse Astrale. Ainsi Khena, jeune noble seconde-née de sa famille, a eu sa voix transformée par des enChanteurs-transvocateurs (des hauts-mages qui revendiquent leur liens particuliers avec la Déesse). Quand à Arth l’Artiste, jeune homme facétieux et indiscipliné,il a une voix extraordinaire, mais ses parents sont de simples artisans.

Khenaet Arth se connaissent bien et s’apprécient beaucoup. Quand Khena est appelée à servir la déesse Astrale, Arth part avec elle. Les prêtres qui les emmènent ne sont pas aussi bienveillants que Sotto, un jeune prêtre-archiviste. D’ailleurs l’ignoble Grand-Maître Arioso menace déjà de briser Khena. Pour cela, dès leur arrivée à Cantoria, il abandonne Arth en pleine ville. Mais ce dernier est plein de ressources et cherche désespérément à retrouver Khéna.

Il rencontre un vieil homme, Conga, qui va l’aider.Arthest sur le point de retrouver son amie, quand il apprend qu’elle doit partir sur un vaisseau-orgue au fin fond du système solaire. Ce voyage devrait permettre aux scientifiques et aux prêtres de définir enfin si les talents magiques des chanteurs viennent bien de la planète Astralia ou de la déesse. Avec une bande d’amis libre-chanteurs, Arth réussit à monter dans un vaisseau et tente par tous les moyens de rejoindre Khéna pour la protéger d’une menace qui rôde dans l’espace dont il a eu connaissance.

Danielle Martinigol réalise ici un roman sur le thème de la puissance vibratoire du chant humain. C’est un roman jouissif pour tout amateur de musique. Elle a mis en place une société basée sur les styles musicaux, utilisant toutes les qualifications musicales comme les notes, les rythmes et les formes musicales pour structurer cette société (énergie quotidienne, périodes de la journée, études). Les seigneurs portent par exemple des noms de notes ou de style de danse (Sorro de Volte, Ut de Diton).

Ainsi les vibrations chantées sont utilisées comme énergie, permettant par exemple de faire la cuisine ou aux vaisseaux de se déplacer dans l’espace. Pourtant le sujet de son roman n’est pas joyeux. C’est une virulente lutte des classes entre une élite tyrannique et puissante et des opposants déterminés et organisés. C’est aussi une satire de notre société où la nécessité de lutter pour un monde meilleur est avant, mais aussi après le combat. Danielle Martinigol a voulu rêver, avec ce roman, d’une société en devenir, à l’égalité, entre tous, juste et pérenne.

Un livre à découvrir pour son écriture fluide et plaisante, mais aussi pour les réflexions que l’auteur nous inspire. Une histoire qui pourrait ouvrir sur une suite.

Chronique de Marie-Hélène Hochet

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