« Black-out » de Connie Willis (Bragelonne)

Black out-connie willisUniversité d’Oxford, Angleterre, en l’an 2060.

Le professeur Dunworthy dirige une équipe d’élèves historiens, mais en 2060, pour que les historiens défendent leurs thèses, ils doivent avoir vécu une période choisie ou imposée. Car le voyage dans le temps ayant été inventé, ils peuvent désormais s’imprégner directement des événements passés.

Le professeur Dunworthy et ses équipes ne sont pas des inconnus, puisqu’ils ont déjà fait l’objet de la part de l’auteure de deux ouvrages et d’une nouvelle. Dans Le Grand Livre, c’était le Moyen Âge alors que Sans parler du chien explorait le XIXe siècle, et la nouvelle Les Veilleurs du feu, le bombardement nazi sur Londres en 1940.

Dans Black out, nous retrouvons la seconde guerre mondiale, en 1940, à Londres et ses environs.

Michael est déposé sur les côtes anglaises pour interviewer les rescapés de Dunkerque sous les apparences d’un journaliste américain.

Polly est vendeuse dans un grand magasin londonien, tandis que Mérope endosse le costume de nounou pour des enfants londoniens envoyés à la campagne afin d’éviter les bombardements.

A priori tout se passe bien et ils se fondent dans l’époque, mais pas pour longtemps, et dès les premiers contretemps ou ennuis, les questions commencent à hanter les protagonistes : s’est-il passé quelque chose à l’université, pourquoi le professeur était il absent si souvent avant leur départ, pourquoi changer si souvent leur destination ?

Bien sûr, règle n° 1, surtout ne pas changer le déroulement des événements historiques.

Pour classique que soit ce scénario, outre le plaisir de retrouver l’équipe d’historiens des ouvrages précédents, le lecteur, directement plongé dans l’action et sans temps mort, partage les doutes et les angoisses des personnages et découvre la vie de l’époque en même temps qu’eux.

La force des romans de Connie Willis est de rendre crédible ce voyage dans le passé par de petits détails de la vie courante, petites annonces du journal, horaires des bus, couvre feu, prix des choses courantes.

Beaucoup de dialogues également permettent de cerner les protagonistes du récit et d’aérer ce gros volume. Mais aussi, et c’est peut-être le point faible du texte, les personnages sont toujours sur le qui-vive, toujours stressés, sans jamais un instant de répit, attendant qu’on vienne les rechercher, se demandant s’ils n’ont pas fait une bêtise, bref, se prenant la tête en permanence. Ce qui fatigue un peu le lecteur, à la longue.

Il faut à mon sens lire ce livre à petites doses, le déguster par quelques chapitres à la fois.

En revanche, le malaise et le suspense sont bien rendus, sans compter qu’il faudra attendre le deuxième tome – en cours de traduction – pour connaître le fin mot de l’histoire.

En bref, pour les fans de Connie Willis, malgré quelques longueurs, un livre attachant dont on peine à fermer la dernière page et qui a le mérite de donner envie de plonger dans un livre d’histoire pour approfondir l’étude des événements qui constituent la toile de fond de l’ouvrage.

Chronique de Jean-Pierre Binet

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