« Anno Dracula » de Kim Newman

Anno Dracula-Kim NewmanEt si Van Helsing et Jonathan Harker avaient échoué ? Et si le comte Dracula les avait finalement vaincus et avait étendu son emprise sur l’Angleterre au point d’épouser la Reine Victoria en seconde noce, annonçant le début d’un règne de terreur où les « sangs-chauds » sont sous la coupe des vampires nouvellement transformés ?

Dans ce Londres de cauchemar, un tueur en série qui ressemble beaucoup à Jack l’Éventreur assassine les prostituées vampires de White Chapel. Un fait divers banal qui prend une telle ampleur que le Diogene’s Club, sorte de service secret victorien, dépêche Charles Beauregard, son meilleur agent, pour arrêter le monstre. Il sera aidé dans sa tâche par Geneviève, une vampire humaniste vieille de quatre siècles figée dans le corps d’une jeune fille de seize ans. Ils ignorent encore que les résultats de leur enquête pourraient changer l’Angleterre à jamais.

Je le dis tout de suite : j’ai adoré ce livre. Sorte de « what-if » du roman de Bram Stoker, il brosse une dystopie fort bien construite où les personnages historiques réels (la Reine Victoria, Oscar Wilde) se mêlent aux personnages de Stoker et à d’autres figures emblématiques de l’imaginaire de l’époque. On croise ainsi Mycroft Holmes (le frère du grand Sherlock), le Docteur Jekyll et son collègue le Docteur Moreau, mais aussi le Professeur Moriarty ou le Docteur Fu Manchu en personne, lesquels interviennent en guest stars dans d’étonnants caméos.

L’auteur s’amuse à multiplier les clins d’œil et les références, tout en construisant une histoire cohérente qui correspond au plus juste aux véritables événements de l’affaire du tueur de White Chapel. Au-delà du simple plaisir de la lecture, Kim Newman réussit à ajouter un second effet : à chaque nouveau personnage, on se dit « il a été le piocher où, celui-là ? » Un effet inattendu autant que jouissif.

Les protagonistes sont réussis et touchants, et bien que l’on colle ici à l’image du vampire dans sa forme primordiale (celle de Stoker), on ne tombe jamais dans le cliché.

Cette édition est une « réédition » augmentée : elle comprend une série de « bonus » comme une fin alternative, des extraits du script d’un film jamais tourné et des notes de l’auteur. Bragelonne prend une initiative excellente en rééditant ce livre, le premier d’une trilogie. Les suites sont déjà planifiées dans le catalogue de l’éditeur.

En bref : un livre réellement unique, à lire absolument. Aucune excuse ne sera acceptée ! 😉

Chronique de Philippe Deniel

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